Antoine s’excusa. Antoine bredouilla. Antoine manqua de trébucher dans l’escalier en sortant du bâtiment. Parce qu’il la regardait. Elle était tellement belle ! Il se demanda à plusieurs reprises où il avait bien pu dénicher une telle déesse. Il lui prit son sac, d’autorité. Toujours le même, « rouge comme notre amour » disait-elle. Aujourd’hui le sac avait un peu vieillit, un peu déteint.
- C’est une bonne idée d’avoir fait repousser tes cheveux, tenta-t-il pour briser le silence qui s’installait.
- Merci… répondit-elle en baissant les yeux.
La conversation ne s’installait pas. Il y avait eu trop de silences, trop de non dits, trop d’attente pour qu’il en soit autrement. Antoine aurait aimé lui dire qu’il ne lui en voulait pas, que ça avait été son choix et qu’il ne la jugeait pas. Mais cette femme qui marchait à ses côtés lui semblait inconnue. Il avait passé son adolescence avec la petite fille, il ne connaissait rien de la femme. Il avait prévu des retrouvailles difficiles et ne s’était pas trompé. Il lui ouvrit la portière de sa vieille 205. Il cru à cet instant voir un sourire sur le visage de sa bien aimée.
- Pourquoi tu ris ? demanda-t-il, sautant sur l’occasion.
- Depuis le temps, je la pensais à la casse moi la Juju ! répondit-elle.
- Je n’ai pas eu cœur à m’en séparer, et vu qu’elle roule plutôt bien…
« Juju », elle s’était rappelé du nom qu’ils avaient donné à la voiture lorsqu’il l’avait achetée. Les dates se bousculaient dans sa tête, et, pendant qu’il conduisait, il tentait de refaire le puzzle de leur histoire.
- Depuis combien de temps ? demanda-t-il brusquement.
- De quoi ?
- Depuis combien de temps nous nous connaissons ?
- Sept ans, j’avais quinze ans…
Il aurait donné n’importe quoi pour que le silence ne se réinstalle pas entre eux, ne les éloigne pas encore plus…
- Tiens au fait, 2-0 pour l’Olympique Lyonnais, ajouta-t-il
- Tu t’intéresses au foot maintenant ?
- Depuis que je suis entré dans cette voiture pour venir te chercher oui…
- Tu t’attendais à quoi Antoine ?
- Peut-être à une explication…
- Tu l’auras, je te le promets.
Elle l’embrassa sur la joue et il fut tellement surpris qu’il faillit sortir de la route. Ils finirent tout deux le voyage en silence, un silence lourd, gêné, mais qui ne les étonnait plus. Pour Lucie, tout ce passait exactement comme elle l’avait prévu.
- Je te préviens, ma maman a eu un peu de mal quand je lui ai annoncé que tu venais… dit Antoine en sortant le gros sac rouge du coffre. Dis donc, tu as emmené combien de bouquins ?
- J’ai pris ce qu’il me fallait, voir un petit peu plus, on ne sait jamais… Quant à ta mère, je m’en doute un peu, et ne t’inquiète pas, je ne lui en voudrais pas !
Elle lui fit un clin d’œil ravageur, et, sous le regard médusé d’Antoine, elle franchit le pas de la porte, et s’annonça en un « bonjour » retentissant. Antoine vit alors sa mère descendre les petites marches qui menaient à l’entrée, embrasser Lucie et l’inviter à monter dans le salon. Il resta longtemps planté là, le gros sac rouge à bout de bras, les regardant disparaître dans la maison. Il eut soudain très envie de pleurer, mais ne sachant pas trop pourquoi, il se ressaisit, et finit par entrer à son tour dans le domicile familiale. Il entendit alors les deux femmes rire, il posa le sac de Lucie devant la porte de sa chambre et s’empressa de les rejoindre. Lorsqu’il pénétra dans la pièce, Lucie lui adressa un regard plein de mélancolie et de tendresse. Il savait qu’elle aurait beaucoup de choses à lui dire, mais en attendant, il allait falloir rester un peu avec les parents, pour rattraper le temps perdu. Son père d’ailleurs arriva, quelques minutes après, dans un vacarme assourdissant. Il avait fait tomber ses clés sur le beau vase de l’entrée qui avait éclaté en milles morceaux. Au lieu de s’énerver, tout le monde avait rit de bon cœur et l’ambiance à la maison rassura peu à peu Antoine. Il eut très envie de remercier sa mère d’avoir tellement pris sur elle pour à nouveau accepter Lucie.
La journée se passa à merveille. Lucie était bavarde, les parents d’Antoine étaient guillerets, ils avaient fait le premier barbecue de l’année, ils étaient tous allés se promener près des étangs où Antoine avait pris de nombreuses photographies. Ils étaient ensuite retournés à la maison, pour regarder un film. Les heures défilaient à une vitesse affolante, et après le dîner, Antoine regarda ses parents d’un air entendu, pris la main de Lucie et l’entraîna dans sa chambre au sous sol. Il s’allongea sur son lit et Lucie le rejoignit, prenant bien soin de garder ses distances.
- C’est une bonne idée d’avoir fait repousser tes cheveux, tenta-t-il pour briser le silence qui s’installait.
- Merci… répondit-elle en baissant les yeux.
La conversation ne s’installait pas. Il y avait eu trop de silences, trop de non dits, trop d’attente pour qu’il en soit autrement. Antoine aurait aimé lui dire qu’il ne lui en voulait pas, que ça avait été son choix et qu’il ne la jugeait pas. Mais cette femme qui marchait à ses côtés lui semblait inconnue. Il avait passé son adolescence avec la petite fille, il ne connaissait rien de la femme. Il avait prévu des retrouvailles difficiles et ne s’était pas trompé. Il lui ouvrit la portière de sa vieille 205. Il cru à cet instant voir un sourire sur le visage de sa bien aimée.
- Pourquoi tu ris ? demanda-t-il, sautant sur l’occasion.
- Depuis le temps, je la pensais à la casse moi la Juju ! répondit-elle.
- Je n’ai pas eu cœur à m’en séparer, et vu qu’elle roule plutôt bien…
« Juju », elle s’était rappelé du nom qu’ils avaient donné à la voiture lorsqu’il l’avait achetée. Les dates se bousculaient dans sa tête, et, pendant qu’il conduisait, il tentait de refaire le puzzle de leur histoire.
- Depuis combien de temps ? demanda-t-il brusquement.
- De quoi ?
- Depuis combien de temps nous nous connaissons ?
- Sept ans, j’avais quinze ans…
Il aurait donné n’importe quoi pour que le silence ne se réinstalle pas entre eux, ne les éloigne pas encore plus…
- Tiens au fait, 2-0 pour l’Olympique Lyonnais, ajouta-t-il
- Tu t’intéresses au foot maintenant ?
- Depuis que je suis entré dans cette voiture pour venir te chercher oui…
- Tu t’attendais à quoi Antoine ?
- Peut-être à une explication…
- Tu l’auras, je te le promets.
Elle l’embrassa sur la joue et il fut tellement surpris qu’il faillit sortir de la route. Ils finirent tout deux le voyage en silence, un silence lourd, gêné, mais qui ne les étonnait plus. Pour Lucie, tout ce passait exactement comme elle l’avait prévu.
- Je te préviens, ma maman a eu un peu de mal quand je lui ai annoncé que tu venais… dit Antoine en sortant le gros sac rouge du coffre. Dis donc, tu as emmené combien de bouquins ?
- J’ai pris ce qu’il me fallait, voir un petit peu plus, on ne sait jamais… Quant à ta mère, je m’en doute un peu, et ne t’inquiète pas, je ne lui en voudrais pas !
Elle lui fit un clin d’œil ravageur, et, sous le regard médusé d’Antoine, elle franchit le pas de la porte, et s’annonça en un « bonjour » retentissant. Antoine vit alors sa mère descendre les petites marches qui menaient à l’entrée, embrasser Lucie et l’inviter à monter dans le salon. Il resta longtemps planté là, le gros sac rouge à bout de bras, les regardant disparaître dans la maison. Il eut soudain très envie de pleurer, mais ne sachant pas trop pourquoi, il se ressaisit, et finit par entrer à son tour dans le domicile familiale. Il entendit alors les deux femmes rire, il posa le sac de Lucie devant la porte de sa chambre et s’empressa de les rejoindre. Lorsqu’il pénétra dans la pièce, Lucie lui adressa un regard plein de mélancolie et de tendresse. Il savait qu’elle aurait beaucoup de choses à lui dire, mais en attendant, il allait falloir rester un peu avec les parents, pour rattraper le temps perdu. Son père d’ailleurs arriva, quelques minutes après, dans un vacarme assourdissant. Il avait fait tomber ses clés sur le beau vase de l’entrée qui avait éclaté en milles morceaux. Au lieu de s’énerver, tout le monde avait rit de bon cœur et l’ambiance à la maison rassura peu à peu Antoine. Il eut très envie de remercier sa mère d’avoir tellement pris sur elle pour à nouveau accepter Lucie.
La journée se passa à merveille. Lucie était bavarde, les parents d’Antoine étaient guillerets, ils avaient fait le premier barbecue de l’année, ils étaient tous allés se promener près des étangs où Antoine avait pris de nombreuses photographies. Ils étaient ensuite retournés à la maison, pour regarder un film. Les heures défilaient à une vitesse affolante, et après le dîner, Antoine regarda ses parents d’un air entendu, pris la main de Lucie et l’entraîna dans sa chambre au sous sol. Il s’allongea sur son lit et Lucie le rejoignit, prenant bien soin de garder ses distances.
[A suivre...]
J'aurai aimé peut-être plus de dialogues avec les parents. Savoir de quoi ils parlent après tant d'années. Surtout que la mère avait pas l'air très enthousiaste, et finalement tout se passe bien.
RépondreSupprimerSinon, ben vivement la suite... pourquoi est-ce qu'elle est finalement revenue vers lui après tout ce temps? Que vont-ils se dire?
J'en prends bonne note pour le "roman final", tous les conseils sont bons à prendre ! C'est vrai que j'ai l'impression pour l'instant que c'est un peu trop dense, je ne m'attarde pas assez en chemin (descriptions, dialogues...). Mais je publie vraiment les premiers jets donc ça peut expliquer aussi parfois le manque de finitions.
RépondreSupprimerEn tous cas j'ai retrouvé le plaisir d'écrire, et j'espère que l'histoire te plaira même si j'ai conscience que ce n'est pas du tout ton style de roman d'habitude !