- Merde, j’ai pas pris mon téléphone ! râla Mathéo après dix minutes de route.
- Hein ?
Olivier baissa le son. Mathéo répéta.
- Tu es obligé d’être vulgaire ? Tu fais ça aussi à l’école ?
- Alors déjà je parle comme je veux, ensuite tu n’es pas venu pour me faire la morale mais pour qu’on grimpe ensembles et enfin je ne sais pas si je dois faire demi tour ou pas…
- Tu attends un appel ?
- Non. Sûrement pas pendant les vacances.
- Alors pourquoi tu doutes ?
- On va vraiment se disputer comme un vieux couple tout le long du trajet ou tu as quand même envie de passer une bonne journée ?
A nouveau, le silence s’installa entre les deux hommes. Mathéo ne comprenait pas lui-même sa mauvaise humeur. Sans doute la conséquence d’un sommeil trop peu réparateur. Il se força à se concentrer sur le paysage. Peu à peu, la forêt s’effaçait pour laisser place à la roche et les falaises. Rapidement, presque irrémédiablement, il se sentit apaisé. La montagne lui avait toujours fait cet effet. C’est pour cela que presque tout naturellement il s’était mis à l’escalade il y a cinq ans de cela. Il avait rencontré Olivier dans le club où il s’était inscrit, et ils s’étaient rapidement liés d’une amitié forte et sincère. Olivier supportait les coups de sang de son ami sans broncher, tandis que Mathéo acceptait l’hyperactivité d’Olivier sans ciller. « Le couple idéal », pensa-t-il en ricanant.
- Prend le bac au-dessus de toi, ça a l’air de bien tenir !
En bas de la voie, Olivier devait hurler pour se faire entendre. Le vent soufflait fort, mais l’escalade avait adouci l’atmosphère entre les deux amis. Olivier savait très bien pourquoi son ami se comportait parfois ainsi. Sa mauvaise humeur récurrente n’était pas un mystère pour lui. Mais il refusait de le laisser aller à sa déprime, et le secouait fréquemment afin qu’il aille de l’avant. « Un jour il me remerciera » se prenait-il à penser parfois. Voyant Mathéo en difficulté, Olivier tendit la corde d’un coup sec pour lui éviter une chute trop violente. Mathéo chuta, sur quelques mètres, et le prénom qu’il cria ne parvint malgré le vent jusqu’aux oreilles d’Olivier.
- Ca va ? s’enquit ce dernier.
- Oué, j’ai un peu flippé c’est tout. Je repars !
- Ok !
« Elsa ». Il avait crié « Elsa ». Olivier songea alors que Mathéo était loin, très loin d’être guéri de sa tristesse, et que la route était encore longue sur le chemin du bonheur.
Les deux amis ne dirent mot dans la voiture au retour. Non contents de leurs performances, ils n’en étaient pas moins épuisés. Olivier, qui avait pris le volant, alluma la radio.
… circulation. On nous apprend qu’un grave accident a eu lieu sur la nationale 42, à hauteur du bois de la Volière. Le choc frontal impliquait deux véhicules, et parmi les victimes, un des chauffeurs est grièvement blessé et a été transféré à l’hôpital de la Charité. Et toute suite, le sport avec…
- Pourquoi tu éteins ? demanda Mathéo, de façon presque agressive.
- Je déteste allumer la radio et tomber sur une info comme ça, ça me fout le bourdon, et j’ai toujours l’impression que c’est un mauvais présage.
- T’es timbré toi !
Olivier sourit, et n’osa pas rétorquer que des deux, il n’était certainement pas le plus atteint.
- On remet ça demain ? préféra-t-il demander pour changer de sujet.
- Non demain j’ai un rendez-vous chez le dentiste, j’ai un sacré mal de dents depuis quelques jours…
Au ton que Mathéo avait employé, Olivier sut tout de suite que son ami lui mentait. Il préféra ne pas relever, et se gara devant l’immeuble.
- Tu veux monter ? interrogea Mathéo, sans grande conviction.
- Non je vais te laisser tranquille, on se voit jeudi alors ?
- Va pour jeudi ! Merci pour la journée, c’était top !
Ils se serrèrent chaleureusement la main et se prirent dans les bras. Ils avaient pris l’habitude d’agir ainsi à chaque fois qu’ils se séparaient, depuis le jour où Olivier avait subit une opération lourde, il y a trois années de cela.
- Hein ?
Olivier baissa le son. Mathéo répéta.
- Tu es obligé d’être vulgaire ? Tu fais ça aussi à l’école ?
- Alors déjà je parle comme je veux, ensuite tu n’es pas venu pour me faire la morale mais pour qu’on grimpe ensembles et enfin je ne sais pas si je dois faire demi tour ou pas…
- Tu attends un appel ?
- Non. Sûrement pas pendant les vacances.
- Alors pourquoi tu doutes ?
- On va vraiment se disputer comme un vieux couple tout le long du trajet ou tu as quand même envie de passer une bonne journée ?
A nouveau, le silence s’installa entre les deux hommes. Mathéo ne comprenait pas lui-même sa mauvaise humeur. Sans doute la conséquence d’un sommeil trop peu réparateur. Il se força à se concentrer sur le paysage. Peu à peu, la forêt s’effaçait pour laisser place à la roche et les falaises. Rapidement, presque irrémédiablement, il se sentit apaisé. La montagne lui avait toujours fait cet effet. C’est pour cela que presque tout naturellement il s’était mis à l’escalade il y a cinq ans de cela. Il avait rencontré Olivier dans le club où il s’était inscrit, et ils s’étaient rapidement liés d’une amitié forte et sincère. Olivier supportait les coups de sang de son ami sans broncher, tandis que Mathéo acceptait l’hyperactivité d’Olivier sans ciller. « Le couple idéal », pensa-t-il en ricanant.
- Prend le bac au-dessus de toi, ça a l’air de bien tenir !
En bas de la voie, Olivier devait hurler pour se faire entendre. Le vent soufflait fort, mais l’escalade avait adouci l’atmosphère entre les deux amis. Olivier savait très bien pourquoi son ami se comportait parfois ainsi. Sa mauvaise humeur récurrente n’était pas un mystère pour lui. Mais il refusait de le laisser aller à sa déprime, et le secouait fréquemment afin qu’il aille de l’avant. « Un jour il me remerciera » se prenait-il à penser parfois. Voyant Mathéo en difficulté, Olivier tendit la corde d’un coup sec pour lui éviter une chute trop violente. Mathéo chuta, sur quelques mètres, et le prénom qu’il cria ne parvint malgré le vent jusqu’aux oreilles d’Olivier.
- Ca va ? s’enquit ce dernier.
- Oué, j’ai un peu flippé c’est tout. Je repars !
- Ok !
« Elsa ». Il avait crié « Elsa ». Olivier songea alors que Mathéo était loin, très loin d’être guéri de sa tristesse, et que la route était encore longue sur le chemin du bonheur.
Les deux amis ne dirent mot dans la voiture au retour. Non contents de leurs performances, ils n’en étaient pas moins épuisés. Olivier, qui avait pris le volant, alluma la radio.
… circulation. On nous apprend qu’un grave accident a eu lieu sur la nationale 42, à hauteur du bois de la Volière. Le choc frontal impliquait deux véhicules, et parmi les victimes, un des chauffeurs est grièvement blessé et a été transféré à l’hôpital de la Charité. Et toute suite, le sport avec…
- Pourquoi tu éteins ? demanda Mathéo, de façon presque agressive.
- Je déteste allumer la radio et tomber sur une info comme ça, ça me fout le bourdon, et j’ai toujours l’impression que c’est un mauvais présage.
- T’es timbré toi !
Olivier sourit, et n’osa pas rétorquer que des deux, il n’était certainement pas le plus atteint.
- On remet ça demain ? préféra-t-il demander pour changer de sujet.
- Non demain j’ai un rendez-vous chez le dentiste, j’ai un sacré mal de dents depuis quelques jours…
Au ton que Mathéo avait employé, Olivier sut tout de suite que son ami lui mentait. Il préféra ne pas relever, et se gara devant l’immeuble.
- Tu veux monter ? interrogea Mathéo, sans grande conviction.
- Non je vais te laisser tranquille, on se voit jeudi alors ?
- Va pour jeudi ! Merci pour la journée, c’était top !
Ils se serrèrent chaleureusement la main et se prirent dans les bras. Ils avaient pris l’habitude d’agir ainsi à chaque fois qu’ils se séparaient, depuis le jour où Olivier avait subit une opération lourde, il y a trois années de cela.
[ A suivre...]
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