Deux tours de clé. Les volets ouverts. L’appartement silencieux. Mathéo soupira, posa son sac de sport sous le petit meuble de l’entrée, et se dirigea vers son frigo. Vide. Comme l’appartement. Comme sa tête. Comme sa vie. Ou presque. Il avait Olivier. Olivier qui ne le lâchait jamais. Qui était toujours là, qui le secouait, qui le rappelait à la vie. Qui lui donnait envie de se lever le matin. Avec qui il avait eu cette histoire un peu bizarre, mais qui ne les avait pas séparés. Au contraire. Olivier. Un pote comme on n’en rencontre peu.
- Merde mon téléphone !
Mathéo se précipita sur l’appareil qui clignotait rapidement. Trois appels manqués. Fébrilement, il consulta la liste. Deux numéros cachés, Et un qu’il ne connaissait que trop bien. Il soupira. Pas de message sur le répondeur. Il hésita longuement, avant d’appuyer sur la touche de rappel.
- Bonjour Sophie…
- Bonjour mon grand, comment vas-tu ? Je viens aux nouvelles puisque tu ne m’en donne jamais !
- Je vais bien. Je suis en vacances actuellement. Et là je rentre d’une petite session de grimpe avec Olivier.
- …
- Quoi ?
- Non, rien, je m’attendais à un : « et toi comment vas-tu ? » !
- Sophie ne me force pas, tu as déjà bien de la chance que je te rappelle !
- De la chance ? Si c’est pour que tu fasses ta tête de mule, ce n’était pas forcément nécessaire !
- Si c’est pour qu’on se fâche une fois de plus, je raccroche. A bientôt Sophie, porte-toi bien !
De rage, Mathéo jeta son téléphone à travers la pièce. Il détestait cette femme. Pourtant, c’était la seule famille qui lui restait. La seule ? Non, il y avait Elsa, quelque part. Elsa qui lui avait été arraché, à cause de Sophie. Elsa et son beau regard bleu, ses yeux innocent, son sourire de petite fille. Il prit la photo sur la table du salon entre les mains.
- Je te retrouverai, je te retrouverai...
Avant qu’il ait le temps de s’inquiéter de cette nouvelle crise de folie, son téléphone sonna à nouveau. Chassant l’envie de le jeter par la fenêtre d’un revers de la main, Mathéo souffla profondément et décrocha.
- Mathéo Milera, j’écoute ?
- Vous êtes bien monsieur Milera ? demanda une voix féminine.
- Oui, c’est moi-même, je viens de me présenter. A qui ai-je l’honneur ?
- Mathéo ?
- C’est moi ! Que voulez-vous ? s’emporta le jeune homme.
Sa mystérieuse interlocutrice avait déjà raccroché.
- Merde !
Fou d’une rage presque incontrôlable, Mathéo lança violemment son téléphone contre le mur, qui explosa en une multitude de petites pièces. Il enfuit quelques secondes sa tête dans ses mains. Puis, il reprit son calme, farfouilla dans son bureau, retrouve son ancien téléphone, récupéra la carte Sim à terre et la glissa à l’intérieur. Il appuya sur le bouton marche et le posa soigneusement sur le petit meuble de l’entrée.
- Et un de plus, pensa-t-il tout haut.
Qui était donc cette appelante anonyme ? Immédiatement, il pensa à la jeune fille du train. Son cœur se mit à battre plus vite, et il se rendit compte qu’il transpirait. Mais très vite, sa raison lui revint. Il n’avait jamais donné son nom, ni son numéro. Et comme pour étayer son constat, il déplia la serviette en papier, et enregistra le numéro noté, d’une main maladroite. En guise de nom, et puisque sa mémoire lui faisait défaut, il entra « la fille du train ».
Puis il alla se coucher, tout habillé et enfouit sa tête dans son oreiller.
A des kilomètres de là, Bastien, les yeux rivés sur son écran, apprenait l’accident de son frère Antoine, et le coma dans lequel il se trouvait à présent. Comme pour se rassurer, il caressa longuement le ventre de sa femme, Lisa, qui attendait depuis peu un heureux évènement.
- Si tu es d’accord, il sera le parrain…
Lisa jugea bon de ne rien ajouter. Le silence entre eux exprimait à lui seul toute la peine qui régnait dans leur appartement.
Le silence était aussi éloquent dans la chambre d’hôtes que Lucie occupait depuis son départ de chez Antoine. Avait-elle fait le bon choix ? Les questions se bousculaient dans sa tête, et elle l’avait imaginé cent fois lire sa lettre. Aurait-il le courage de faire ce qu’elle lui avait demandé ? Pourquoi fallait-il que tout soit toujours compliqué pour elle ? Couchée sur le dos, les yeux grands ouverts, elle fit l’inventaire de ce qui l’entourait.
- Merde mon téléphone !
Mathéo se précipita sur l’appareil qui clignotait rapidement. Trois appels manqués. Fébrilement, il consulta la liste. Deux numéros cachés, Et un qu’il ne connaissait que trop bien. Il soupira. Pas de message sur le répondeur. Il hésita longuement, avant d’appuyer sur la touche de rappel.
- Bonjour Sophie…
- Bonjour mon grand, comment vas-tu ? Je viens aux nouvelles puisque tu ne m’en donne jamais !
- Je vais bien. Je suis en vacances actuellement. Et là je rentre d’une petite session de grimpe avec Olivier.
- …
- Quoi ?
- Non, rien, je m’attendais à un : « et toi comment vas-tu ? » !
- Sophie ne me force pas, tu as déjà bien de la chance que je te rappelle !
- De la chance ? Si c’est pour que tu fasses ta tête de mule, ce n’était pas forcément nécessaire !
- Si c’est pour qu’on se fâche une fois de plus, je raccroche. A bientôt Sophie, porte-toi bien !
De rage, Mathéo jeta son téléphone à travers la pièce. Il détestait cette femme. Pourtant, c’était la seule famille qui lui restait. La seule ? Non, il y avait Elsa, quelque part. Elsa qui lui avait été arraché, à cause de Sophie. Elsa et son beau regard bleu, ses yeux innocent, son sourire de petite fille. Il prit la photo sur la table du salon entre les mains.
- Je te retrouverai, je te retrouverai...
Avant qu’il ait le temps de s’inquiéter de cette nouvelle crise de folie, son téléphone sonna à nouveau. Chassant l’envie de le jeter par la fenêtre d’un revers de la main, Mathéo souffla profondément et décrocha.
- Mathéo Milera, j’écoute ?
- Vous êtes bien monsieur Milera ? demanda une voix féminine.
- Oui, c’est moi-même, je viens de me présenter. A qui ai-je l’honneur ?
- Mathéo ?
- C’est moi ! Que voulez-vous ? s’emporta le jeune homme.
Sa mystérieuse interlocutrice avait déjà raccroché.
- Merde !
Fou d’une rage presque incontrôlable, Mathéo lança violemment son téléphone contre le mur, qui explosa en une multitude de petites pièces. Il enfuit quelques secondes sa tête dans ses mains. Puis, il reprit son calme, farfouilla dans son bureau, retrouve son ancien téléphone, récupéra la carte Sim à terre et la glissa à l’intérieur. Il appuya sur le bouton marche et le posa soigneusement sur le petit meuble de l’entrée.
- Et un de plus, pensa-t-il tout haut.
Qui était donc cette appelante anonyme ? Immédiatement, il pensa à la jeune fille du train. Son cœur se mit à battre plus vite, et il se rendit compte qu’il transpirait. Mais très vite, sa raison lui revint. Il n’avait jamais donné son nom, ni son numéro. Et comme pour étayer son constat, il déplia la serviette en papier, et enregistra le numéro noté, d’une main maladroite. En guise de nom, et puisque sa mémoire lui faisait défaut, il entra « la fille du train ».
Puis il alla se coucher, tout habillé et enfouit sa tête dans son oreiller.
A des kilomètres de là, Bastien, les yeux rivés sur son écran, apprenait l’accident de son frère Antoine, et le coma dans lequel il se trouvait à présent. Comme pour se rassurer, il caressa longuement le ventre de sa femme, Lisa, qui attendait depuis peu un heureux évènement.
- Si tu es d’accord, il sera le parrain…
Lisa jugea bon de ne rien ajouter. Le silence entre eux exprimait à lui seul toute la peine qui régnait dans leur appartement.
Le silence était aussi éloquent dans la chambre d’hôtes que Lucie occupait depuis son départ de chez Antoine. Avait-elle fait le bon choix ? Les questions se bousculaient dans sa tête, et elle l’avait imaginé cent fois lire sa lettre. Aurait-il le courage de faire ce qu’elle lui avait demandé ? Pourquoi fallait-il que tout soit toujours compliqué pour elle ? Couchée sur le dos, les yeux grands ouverts, elle fit l’inventaire de ce qui l’entourait.
[A suivre...]