C'est mardi, fin du cours de natation. L'entraînement a été rude, mais bienfaiteur. Beaucoup de longueurs, de nouvelles techniques, et puis quelques discussions, avec nos partenaires de galères. On n'avait pas envie d'y aller, il faisait froid dehors, on était fatigué, et puis finalement, on n'a plus vraiment envie de sortir...
Quelques brasses, juste pour le plaisir de sentir l'eau caresser la peau, une dernière fois avant la semaine prochaine. La respiration reprend peu à peu son rythme normal, les lignes d'eau sont enlevées, il est temps de partir. Je regarde les derniers nageurs quitter le bassin, j'attends quelques secondes, et à mon tour je rejoins les vestiaires.
C'est un peu surnaturel, la piscine, le soir. Je prend ma douche, il n'y a déjà plus personne. Je me prends à imaginer qu'ils vont m'oublier, m'enfermer dans ce lieu mystique, et que je n'aurai d'autre choix que de retourner nager, encore et encore, pour oublier la solitude, et lutter contre la peur.
Au niveau des casiers, on entend déjà plus de bruits. Certains se parlent de cabines à cabines. On imagine qu'ils ont du mal comme nous, à enfiler leur pantalon. La serviette au sol, les pieds nus dessus, les cheveux mouillés qui dégoulinent tout le long du dos, la chaussette qui tombe par terre, au moment de la mettre... On se sent à nouveau empoté, comme quand nos mamans nous grondaient car nous n'allions pas assez vite pour nous rhabiller.
Une étrange satisfaction règne dans l'air lorsqu'une fois vêtue de la tête aux pieds, je sors du vestiaire, mon sac et ma veste sous le bras, et le peigne dans la main. Un dernier passage sous le sèche cheveux, et voici enfin le moment tant attendu.
Celui où l'on pousse la porte. On a dit bonsoir. Certains ont répondu. Et puis, je me retrouve seule. Dans la nuit. Le froid qui engourdit mes pensées pénètre sous ma veste. Je repense au bonnet, qu'il fallait absolument mettre quand on sortait de la piscine avec l'école, parce qu'on n'avait jamais le temps de se sécher les cheveux. Alors, je me dis que j'ai de la chance. De la chance d'être là, de vivre ça. De la chance de ne pas avoir été oubliée dans le vestiaire. De la chance de pouvoir bientôt rentrer au chaud. De la chance, surtout, de ressentir tout ça, de la chance, simplement, de pouvoir me dire : "c'est si bon de sortir dans le froid après être allée à la piscine !".
Voilà ça!
RépondreSupprimerVécu, sensible, bien écrit! Tout à fait ce que j'aime!
Et puis, moi, grondé ou pas je suis quand même le dernier :( Enfin je dis ça, je manque de pratique, puisque la dernière fois que j'ai nagé, c'était encore dans l'océan indien...
Tiens, ça me fait penser a moi, le lundi soir, après la plongée :) Toujours très bien écrit !
RépondreSupprimerJe visualise complètement la sensation que tu décris ... :o
RépondreSupprimer