samedi 3 novembre 2012

Défi Ecriture (4)

Thème : Le Prix Nobel

Contexte imposé
: On vous annonce la veille de la distribution des Prix Nobel que vous êtes favori pour gagner un des prix. Vous devez donc concocter un discours de remerciements pour être prêts le jour J.


Forme du texte : Discours de remerciements
On attend dans ce discours de l'émotion, de la surprise... et votre personnage peut être drôle, arrogant, imbu de sa personne ou timide. C'est vous qui décidez. Il s'agit d'être imaginatif! Dans votre discours, la raison pour laquelle vous recevez ce prix doit être assez claire pour que votre lecteur comprenne de quoi il s'agit.

Quel Prix Nobel ? : il en existe plusieurs comme vous le savez. Je vous laisse le choix entre : Prix Nobel de Physique / Littérature / Physiologie et Médecine.
Vous avez donc totalement le droit de vous inventer un personnage qui a trouvé la machine a voyagé dans le temps ou la pilule pour rajeunir de dix ans... ou bien de vous imaginer dans 50 ans gagner le prix Nobel de littérature pour vos textes.

Date où vous devez avoir publié : 10 novembre
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"Mesdames, Messieurs, chers amis, membres de la famille proche ou lointaine, mon amour, et je vais m’arrêter là même si j’ai peur d’en oublier (petit rire),

Il y a 55 ans de cela, ma mère donnait naissance à un petit être fragile, un petit garçon chevelu, dans la camionnette de mon père qui l’emmenait à l’hôpital. Drôle de façon, me direz vous, de commencer une vie, mais drôle de façon je vous répondrai, de commencer un discours…

En réalité, la situation est plutôt drôle. Etrange. Hasardeuse. Peut-être qu’elle gêne, je ne suis pas sourd aux ragots ni aux rumeurs. Je me rappellerai toute ma vie de l’exclamation outrée de ma vieille tante qui pique lorsque je lui ai annoncé la nouvelle.
- Toi ? Un prix Nobel de médecine ? Mais tu n’as jamais rien fait de ta vie !
(Attendre les rires de l’assemblée).

Il y a 55 ans, je poussais donc mon premier cri, dans la camionnette de mon père, qui n’avait rien trouvé de mieux que de mettre les basses à fond comme pour palier l’angoisse grandissante de voir ma mère souiller les fauteuils à l’arrière.
C’est sans doute là, que tout a commencé. Ce n’est certes pas le moment pour régler ses comptes, mais autant vous dire que mon père ne m’a jamais pardonné le coup de la camionnette, ni à ma mère d’ailleurs, et il a disparu sans laisser de trace juste après la prise en charge par les pompiers. Que pense-t-il aujourd’hui de son fils ?

D’ailleurs, que faut-il en penser ? Les temps changent. Le monde change. De nos jours le médicament contre le cancer est efficace, le VIH a disparu de la planète, nous vivons de plus en plus vieux, et en plutôt bonne santé. Du haut de ses 95 ans, ma mère joue toujours aussi bien au tennis, et ses doigts parcourent toujours aussi facilement le grand piano du salon.
Je dois vous avouer quelque chose, je n’y connais rien en médecine. Pas plus en médecine qu’en physiologie, en biologie, ou tous ces autres noms savants qui m’angoissaient et m’obligeaient à sécher les cours au lycée. Lycée que j’ai quitté bien avant le bac.

J’entends d’ici vos exclamations outrées. Vos protestations. Je vois vos visages ahuris. Mais oui, mesdames, messieurs, le Prix Nobel aujourd’hui devient accessible, simplement parce qu’il n’y a plus rien à inventer. Un scandale ? Une hérésie ? Ce sont les titres de Paris Match lorsqu’ils ont pris connaissance de ma nomination. Mais comment cela peut-il vous choquer ?

Vous qui êtes capables d’élire un président d’extrême droite juste parce que votre voisin black est venu dans votre jardin (non sans avoir franchi la barrière de sécurité, les chiens de garde et la caméra de surveillance) pour vous demander du sel… Vous qui vous êtes déjà battus à mort dans un stade de foot parce que les autres ne défendaient pas la même équipe… Vous qui assistez à ces combats ultra violents entre les hommes et les robots en attendant avec jouissance la mise à mort de l’un ou de l’autre… Vous qui avez reculé sur l’avortement sous prétexte que la vie est un cadeau alors que vous êtes fascinés par le sordide et le trash. Vous les hommes, l’humanité entière, qui passez vos journées collés aux écrans, les doigts rivés sur la souris, et les yeux révulsés d’avoir trop vécu dans le virtuel… Vous les hommes, l’humanité entière et la bêtise grandissante de notre espèce…

Alors oui, je vous le demande, comment cela peut-il vous choquer ? Je suis le produit de votre idiotie, le résultat de votre manque de jugeote. Le jury ne vaut pas mieux que vous. Qui leur a soufflé à l’oreille un jour qu’un grand DJ pourrait recevoir la prix Nobel de Médecine ? Ce qui est sûr, c’est que je répondais à leur attente, et à leur problème. Il n’y a eu aucune grande découverte cette année. L’humanité s’est endormie sur ses lauriers. Ils m’ont cru capable de faire un faux discours, sur le fait que la musique adoucit les mœurs, rassemble, guérit…

Mais je ne sais pas mentir moi, ma musique, c’est bêtement mon gagne pain, et vous, tous aussi cons que vous êtes, vous vous rassemblez devant mes tables de mix pour danser en secouant la tête, et vous sortirez de la en disant : « ah, cet homme, c’est un véritable guérisseur ! ».

Ne vous plaignez pas, ne vous offusquez pas. Je suis le résultat de ce que vous avez toujours dit à voix haute. La musique adoucit peut-être les mœurs, mais une chose est sûre, c’est qu’elle ne rend pas toujours intelligent !

A bon entendeur… "

- Alors, tu en penses quoi ?
- Si tu dis ça, ils vont te tuer…
- J’y compte bien, mon amour, j’y compte bien…

2 commentaires:

  1. Ça commence bizarrement, mais finalement on se laisse emporter par le monde que tu as inventé et je trouve ça pas mal du tout!
    C'est un discours coup de gueule. Original, je n'avais pas pensé à ça en vous donnant le défi!

    Encore une fois, on a eu deux résultats très différents, j'adore ces idées de défi!

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  2. J'aime beaucoup l'idée de fond de l'artiste qui n'a pas sa place et qui, désabusé à l'extrême, lâche sa diatribe sur le monde. D'ailleurs le contexte est top aussi.
    Je suis moins fan de la forme, et j'avoue ne pas avoir accroché sur le début avec la camionnette et l'histoire du père. Egalement, je trouve que le langage est un peu trop "tous les jours" même pour de la dénonciation.

    C'est peut-être ma perception des choses, mais j'aurais bien vu un Luchini (qui est dans la tranche d'âge de ton personnage) prononcer le discours. Avec, du coup, un peu plus de phrasé et d'emphase.

    Chapeau pour l'idée par contre, qui est bien plus originale que mon texte. Hâte du prochain défi!

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