Si tu devais supprimer trois éléments de ta vie, en sachant bien qu’ils modifieraient l’ensemble de ton existence, qu’est-ce que tu ferais ?
Hôtel Les Rivages, c’était écrit sur la brochure. Rien de bien original, surtout en bord de mer. Rien de particulier non plus, une police comme on en voit souvent, des couleurs bleues ciels qui donnent envie, un petit parc à l’arrière, des télés dans les chambres une literie un peu démodée. Elle, elle avait repéré le petit chat sur la première photographie de la publicité. Un petit chat noir aux yeux verts, semblant tourner autour d’un arrosoir. Ca l’avait séduite, et puis le prix aussi. De toute façon, il fallait fuir, s’éloigner, partir rêver un peu.
Hôtel Les Rivages, c’était écrit sur la brochure. Rien de bien original, surtout en bord de mer. Rien de particulier non plus, une police comme on en voit souvent, des couleurs bleues ciels qui donnent envie, un petit parc à l’arrière, des télés dans les chambres une literie un peu démodée. Elle, elle avait repéré le petit chat sur la première photographie de la publicité. Un petit chat noir aux yeux verts, semblant tourner autour d’un arrosoir. Ca l’avait séduite, et puis le prix aussi. De toute façon, il fallait fuir, s’éloigner, partir rêver un peu.
En quelques clics, c’était réglé. Un bon de réservation pour une semaine. Peut-être plus. De toute façon, hors saison il n’y aurait personne. La météo ? Qu’importe. Quelques pulls, un jean, une taie d’oreiller, une photo, des souvenirs… Une valise bouclée en moins d’un quart d’heure. Elle partirait le lendemain.
Strasbourg-Nantes, Nantes-Brest, encore une heure de car… Les écouteurs vissés sur les oreilles, les yeux dans le vague… Les paysages, la Bretagne défilant dans son regard perdu. Déjà les premiers oiseaux de mer, déjà les premières falaises. L’océan ne se livre pas comme ça, il faudra encore attendre quelques kilomètres. Surtout, ne pas penser. Ne pas y penser.
Qu’est-ce qu’elle aurait changé ? Peut-être ce baiser avec Baptiste, le jour de ses quatorze ans, ça ne l’avait menée à rien. Quoi que… A la découverte du goût des lèvres, du goût des émotions. La découverte que la petite fille qui sommeillait en elle pouvait mourir, un jour. A la découverte de la peur de disparaître. Un baiser, pour une peur de plus. Un baiser pour une découverte morbide mais nécessaire.
Le car ralentit, encore quelques arrêts. Un vieil homme se hisse tant bien que mal dans l’engin, sa canne et ses sacs l’encombrent. Un sourire suffira. Se lever pour l’aider ne ferait qu’affirmer la faiblesse du pauvre homme. Sourire, c’est l’encourager. Il parvient à sa place, l’autocar reprend sa route.
Les yeux dans le vague, et les premiers embruns. La mer au loin, se veut aussi menaçante que le ciel. Sombre, verdâtre, les plages semblent désertes. Personne à l’horizon, mais qui se risquerait dehors par un temps pareil ?
Lucie se prend à penser à ce vieil homme. Quels secrets cache-t-il dans son cœur de grand-père ? Quels regrets garde-t-il ? Est-il seul lui aussi ? Seul au monde, s’enfuit-il ? Et que fuit-il ?
Un regard furtif sur la gauche, l’homme l’observe.
- Et vous, que fuyez vous ?
Surprise, Lucie bredouille des paroles incompréhensibles. Alors, elle marque un temps. Réfléchit. Annonce.
- Je vais séjourner à l’hôtel Les Rivages.
- Vous aurez vue sur la mer alors…
- La mère…
L’homme n’écoute déjà plus. Il lui tourne le dos, semble chercher quelque chose dans son sac. Lucie soupire, doucement, un soupir qui en dit long. Et puis, comme poussée par une envie indescriptible, elle reprend :
- Et vous, si vous deviez changer trois éléments de votre vie, tout en sachant qu’ils modifieraient l’ensemble de votre existence, que choisiriez-vous ?
L’homme relève lentement le menton, ses yeux pétillent, comme un enfant qui découvrirait une fontaine de chocolat.
- Ne pas avoir de regrets, n’est-ce pas là la clé du bonheur ?
- Vous garderiez tout ?
- Oui. C’est là que je descends.
Lucie regarde l’homme s’éloigner. Drôle de bonhomme. Dernier arrêt. Le bouton rouge pour descendre.
Le car ralentit, encore quelques arrêts. Un vieil homme se hisse tant bien que mal dans l’engin, sa canne et ses sacs l’encombrent. Un sourire suffira. Se lever pour l’aider ne ferait qu’affirmer la faiblesse du pauvre homme. Sourire, c’est l’encourager. Il parvient à sa place, l’autocar reprend sa route.
Les yeux dans le vague, et les premiers embruns. La mer au loin, se veut aussi menaçante que le ciel. Sombre, verdâtre, les plages semblent désertes. Personne à l’horizon, mais qui se risquerait dehors par un temps pareil ?
Lucie se prend à penser à ce vieil homme. Quels secrets cache-t-il dans son cœur de grand-père ? Quels regrets garde-t-il ? Est-il seul lui aussi ? Seul au monde, s’enfuit-il ? Et que fuit-il ?
Un regard furtif sur la gauche, l’homme l’observe.
- Et vous, que fuyez vous ?
Surprise, Lucie bredouille des paroles incompréhensibles. Alors, elle marque un temps. Réfléchit. Annonce.
- Je vais séjourner à l’hôtel Les Rivages.
- Vous aurez vue sur la mer alors…
- La mère…
L’homme n’écoute déjà plus. Il lui tourne le dos, semble chercher quelque chose dans son sac. Lucie soupire, doucement, un soupir qui en dit long. Et puis, comme poussée par une envie indescriptible, elle reprend :
- Et vous, si vous deviez changer trois éléments de votre vie, tout en sachant qu’ils modifieraient l’ensemble de votre existence, que choisiriez-vous ?
L’homme relève lentement le menton, ses yeux pétillent, comme un enfant qui découvrirait une fontaine de chocolat.
- Ne pas avoir de regrets, n’est-ce pas là la clé du bonheur ?
- Vous garderiez tout ?
- Oui. C’est là que je descends.
Lucie regarde l’homme s’éloigner. Drôle de bonhomme. Dernier arrêt. Le bouton rouge pour descendre.
[A suivre...]
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