La mer remonte, déjà. Les pêcheurs à pied s’attarderont encore, une demi-heure peut-être… Aujourd’hui, c’était une belle journée. Il y avait beaucoup à trouver. Les couteaux sortaient facilement, le sable était bien dur. En se penchant un peu plus, on pouvait même chercher de très beaux coquillages.
La mer remonte, déjà. Le soleil certes, n’était pas au rendez-vous, mais finalement, il n’avait pas plu non plus. Pourtant, les plus vieux avaient des douleurs, ils avaient prévenu. Mais les anciens aussi peuvent se tromper, parfois. Surtout lorsque l’on décide de ne pas les croire.
La mer remonte, déjà. Les promeneurs s’attardent. Il fait si bon de flâner, ne pas compter le temps, ne pas compter les heures. Les vagues viennent lécher les pieds des plus aguerris. Aujourd'hui, on ne travaille pas, alors on a le temps. Surtout, ne pas penser à demain, profiter de l’instant. Les bottes jaunes du petit garçon seront bientôt trempées, mais le moment est si important pour lui…
La mer remonte, déjà. Et toi tu cours. A perdre haleine. Après le temps, la vie, l’amour… Tu cours à en perdre le souffle, tu cours à en fuir tes démons. Tu cours, tu ne t’arrêteras plus… La mer ne te rattrapera jamais. Tu cours, les promeneurs te regardes, mais tu cours, tu disparaîtras au coin d’une rue, et on ne te reverra plus, là sur cette plage, avec ta veste noire, et tes cheveux au vent.
La mer remonte déjà. Petit à petit, les pêcheurs à pied reprennent leurs affaires. Certains ont encore de la route à faire, d’autres ont un plat qui mijote sur le feu… Il faut retrouver son sac, ne pas oublier le seau. Porter la glacière, relâcher quelques prises. Rhabiller les enfants. Marcher vers le parking, en posant les pieds délicatement, pour que le sable n’entre pas à nouveau dans les chaussures.
La mer remonte, déjà. Des visages ce sont croisés. Connus, inconnus. Des regards se sont fait face. Parfois un bonjour, parfois un sourire gêné. Souvent, on baisse les yeux. On n’entre pas dans l’existence d’un autre aussi facilement. Peut-être a-t-on simplement peur que l’autre pénètre dans la notre sans préavis ? Qu’y trouverait-il ? Des secrets inavouables ? Des regrets infinis ? Des amours perdues, retrouvées ? De l’ennui ?
La mer remonte, déjà. Les portières claques. Les grandes familles se séparent, les oncles font des bisous qui piquent, les tantes embrassent les plus petits. Les enfants tendent les mains à travers les vitres, la pluie se met à tomber. Le grand-père assit à l’arrière assure qu’il l’avait bien dit. On sent l’iode. On sent venir le blues. Ce blues qui nous attend là, lorsque l’on rentre, le dimanche soir.
La mer remonte, déjà. Là-bas, sur la plage, un sac. Un joli sac à dos rouge. Perdu. Abandonné. Jeté là. Au milieu de rien. Au milieu des grains de sable qui s’immiscent partout. Au milieu de cette étendue sauvage, enfin désertée. La tirette est encore ouverte, on peut voir l’intérieur de la poche principale. Quelques gâteaux, une bouteille d’eau, une petite pelle, un lapin en peluche, un appareil photo numérique.
La mer remonte, déjà. Là bas, posé, comme une tâche dans le gris du paysage, sous la pluie d’un dimanche un peu maussade, un joli sac à dos rouge, qui ne retrouvera jamais son propriétaire.
[A suivre...]
Mais qui va le retrouver ce sac? Qui va regarder les photos pour connaître le propriétaire? Pourquoi un lapin en peluche?
RépondreSupprimerEst-ce le sac de la personne qui courrait?
Bref, hâte de voir la suite!
Ah celui-là, je ne sais pas trop... Où il va, en fait. Des phrases très très courtes (mais ok, qui desservent le style général) et, je trouve, quelques dissonances dans les temps (présent, passé et futurs sont très rapprochés, des fois dans la même phrase).
RépondreSupprimerLe texte amène l'objet prépondérant d'une façon très intéressante (presque sinueuse, quand même) et ce sont les détails qui font le fond.
Il faudrait effectivement une suite, même si le modèle de paragraphe ne peut pas perdurer (la mer ne monte pas plus de 5 ou 6h de suite :) )
PS: Non je ne basherais pas tous les posts!
Lol, j'imagine bien la suite :
RépondreSupprimerLa mer descend, déjà...
La mer re remonte, déjà...
La mer re re descend, déjà....