mardi 16 octobre 2012

Rivages (4)

-    Ah, vous avez fait connaissance avec Salidou ?
Martine est en bas, dans le hall, comme si elle s’attendait à la venue de Lucie.
-    Quel drôle de prénom pour un chat ! s’exclame Lucie.
-    C’est la marque d’une gourmandise que vous allez vite apprécier ici ! Une pâte à tartiner au caramel et au beurre salé. J’ai décidé de l’appeler comme ça parce qu’il va toujours traîner n’importe tout et qu’il est doux comme un agneau.
-    D’où vient-il ?
-    Aucune idée. Il a débarqué un matin derrière la porte de ma chambre, et il n’est jamais reparti.
-    L’invitation à dîner tient-elle toujours ?
-    Avec grand plaisir, à vrai dire, je vous attendais !
Les deux femmes quittent le hall, suivies par Salidou, qui tente d’attraper le pantalon de Lucie à chacun de ses pas.
-    Voici mon appartement, annonce Martine en poussant une porte au bout d’un long couloir. C’est très modeste, mais ça suffit largement pour une dame comme moi ! Et puis, j’ai toujours la prétention de dire que j’ai un hôtel à moi toute seule !
Martine parle. Quand elle sert des pâtes à Lucie, quand elle mange, quand elle boit son verre de vin rouge. Elle lui parle de sa vie, de ce qu’elle a subit, lui parle un peu de son mari. Elle raconte ses clients, la vie qui a changé depuis la crise, les amours de passage dans son hôtel et sa passion inconsidérée pour la Bretagne. Mais jamais de sa fille. Ca arrange bien Lucie. Elle n’a pas besoin de s’expliquer, de s’épancher… Elle acquiesce, de temps à autre, elle en est presque amusée. Martine l’intrigue, et surtout, Lucie l’admire. Quelle force de caractère ! 
-    Vous connaissez la Bretagne ?
Les pensées de Lucie s’interrompent aussitôt. Bien sûr qu’elle connaît la Bretagne. Bien sûr que ce n’est pas la première fois qu’elle vient. Pour ainsi dire, elle y a passé toute son enfance. Mais comment éviter les questions ? Martine est tellement amoureuse de sa région qu’elle en connaît nécessairement tous les secrets. Impossible de dire la vérité. Pourtant, Lucie déteste mentir.
-    Je n’y ai jamais mis les pieds ! dit-elle avec autant de conviction que possible.
-    C’est parfait ! Si vous le souhaitez, je peux vous prévoir un petit plan avec tous les lieux touristiques du coin. Même à pieds, on peut voir tellement d’endroits extraordinaires ! Vous restez longtemps ?
La durée de son séjour. C’est un peu comme si Lucie n’y avait jamais réellement pensé. Sur le papier, elle a pris une semaine, mais plus rien ne la retient. Alors, elle répond la première chose qui lui vient à l’esprit, comme pour éloigner au mieux la pensée d’un retour possible :
-    Tant que vous ne me chassez pas !
Martine rit de bon cœur. Lucie aussi. Le vin aidant, les deux femmes se détendent, et prennent plaisir à discuter de la vie, des hommes, du mauvais temps et des plus jolis coins de Bretagne, jusque tard dans la nuit.

2 commentaires:

  1. J'espère que tu ne m'en voudras pas, mais j'aime un peu moins ce texte là... je ne saurai pas dire pourquoi par contre! J'ai juste moins accroché que d'habitude.

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  2. Pas de soucis ;) Comme d'hab, je commence à tourner en rond avec ce roman aussi... Mais j'y arriverai un jour, j'y arriverai ! :p

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