dimanche 23 mars 2014

Tu as rêvé, peut-être...

Sept heures trente, je t’entends, je me réveille, je me lève. Perdu dans l’immensité de ce petit lit, je te retrouve, les yeux grands ouverts sur le monde. Tu as rêvé, peut-être, mais à quoi ? Pas encore de sourire, mais déjà un regard, intense, qui en dit long. Alors je prends mon temps, je t’admire, je caresse tes petites mains qui s’agitent de façon si anarchiques, je te dis que je t’aime, et que tu es beau.

Tu es si petit, tu as l’air si fragile et pourtant. Pourtant tu as débarqué dans nos vies pour tout chambouler. Tu vas mettre du désordre dans cet ordre qui me rassurait tant. Et ça me rend terriblement heureuse.

Tu as rêvé peut-être, mais à quoi ? A cette rencontre un peu sportive avec ton arrière grand-mère, à ce regard angoissé de tata Clémence, à tous ces biberons de 90 millilitres que tu aimerais boire à la chaîne ?

On me dit que ça ne durera pas. Que je n’aurais plus envie parfois. Plus le courage, plus la force. Mais c’est sans compter sur ton papa. Il est là, patient, impassible, calme. Il sait me rassurer quand l’angoisse est trop forte, me relayer lorsque la fatigue est trop intense. Il est là, patient, calme, il m’observe de cet œil nouveau de père, et je l’aime comme ça. Responsable. Et battant.

Tu as rêvé, peut-être, mais à quoi ? Un lit bien douillet, une nouvelle peluche, ou une sortie en poussette ?

« Ton premier cri sera pour moi comme une délivrance… », « Tu ne seras plus jamais seule… » . Cent fois ces mots ont été écrits, rêvés, fantasmés même. Aujourd’hui tu es là. Tu ne t’appelles pas Margaux. Mais tu as les yeux de ton papa. Et lorsque, à la sortie du bain, tes petits cheveux noirs se mettent à boucler, j’ai envie de crier, d’hurler même : « c’est mon fils ! ».

Tu verras Antoine, malgré tout ce qu’on te dira, le monde est beau. La vie est un cadeau magnifique, dont il faut savoir profiter. Nous t’apprendrons. Nous ne te laisserons pas être malheureux. Nous serons toujours là pour chasser tes nuages, et t’éviter la pluie. Et encore, même la pluie peut-être source de bonheur.

Un jour, nous irons en Guadeloupe, un jour, tu iras sur les chantiers avec papa, un jour nous te montrerons les photos de notre mariage, un jour, tu iras à l’école avec maman. Mais tu as le temps petit ange, dors, rêve, repose toi, profite de cette vie qui débute, et de ce calme qui te caractérise… Profite mon amour, non, pas parce que ça ne dure pas, mais parce que le meilleur reste à venir.

Tu as rêvé, peut-être, mais à quoi ? Une barre de chocolat, un bain chaud en plein hiver, et un câlin avec maman et papa…

lundi 3 mars 2014

En attendant...

Ca commence avec une paire de petits chaussons. Roses ou bleus, je ne savais pas trop. Alors j’ai pris du gris, comme ça c’est neutre.

Une double barre et puis la vie bascule. Je glisse tout dans la boîte, le test, un livre, et le résultat d’une prise de sang.

J’ai hâte qu’il rentre. Je n’y crois pas vraiment. Je ne pense pas à sa réaction, trop peur d’être déçue. Et s’il était distant ? Et s’il n’en avait rien à faire ?

Plus tard, il ouvrira la boîte, les yeux embués de larmes, anticipant d’ores et déjà ce qu’il allait y découvrir.

Et puis le temps fait son travail. Ca commence avec une paire de petits chaussons. Puis on achète un pyjama, on a presque honte de le faire si vite. Et si tout ne se passait pas comme prévu ? Et s’il y avait quelque chose de grave ? Et si, et si…

Au cinquième mois on commence à y croire. On achète une poussette, on installe le petit lit. On se regarde, les yeux pleins de non-dits, on flippe aussi. Beaucoup !

Un jour on fait des photos, on se rend compte à quel point certaines personnes sont importantes pour nous. On a envie de se rapprocher, de se coller, de se serrer contre -elles. Alors on a de plus en plus tendance à dire je t’aime, à envoyer des cœurs, même si ce n’était pas une habitude.

Je ne fais plus qu’un avec le petit bout que je berce au creux de mon ventre. Il n’est plus un étranger. C’est mon bébé. Mon fils. Le fruit d’un immense amour partagé. Je rêve de le rencontrer, mais j’ai envie de le garder en moi. Des sentiments contradictoires, qui rendent nerveuse, qui fatiguent aussi parfois…

Ca commence avec une paire de petits chaussons. Aujourd’hui, des dizaines de bodies envahissent les placards, les doudous sont au chaud dans la valise, et mon ventre, irrémédiablement s’arrondit, sous le regard admiratif de celui qui partage ma vie...

 En attendant... Moi... Je suis prête.