Petite pause dans mon roman, et en attendant, petit texte sympa, léger, comme je les aime... :)
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Au commencement, on n'y prête pas attention. Il y en a plein, alors c'est normal, et puis ce n'est que le début... L'euphorie des premiers moments est là, on trouve tout formidable, même si on trébuche dessus, on trouve tout génial même si c'est un énorme chantier.
Et puis, petit à petit, tout se range, tout s'organise. On devient plus efficace, moins rêveurs. Lui, il est posé là, à côté du bureau, ça nous énerve un peu, on voudrait lui trouver un place, mais on laisse passer. Quand on donne un coup de pied dedans, ça fait très mal, on jure, mais on ne dit surtout rien, pour ne pas gâcher ces moments si tendres, ces premiers moments si intenses, dans le premier appartement à deux.
Mais un jour, c'est la fois de trop. Il prend des proportions gigantesques. On ne voit plus que lui. La chambre semble envahie elle seule par cet unique et énorme carton. La vie ne tourne plus qu'autour de lui. On pense carton, on dort carton, on rêve carton... Alors on prend son courage à deux mains, et on tente de le déplacer. On y arrive, il trouve une place contre le radiateur. Une certaine satisfaction se fait ressentir. Puis la douleur, un mal de dos terrible, et un arrêt de travail pour un carton...
Le temps passe, les mois, le carton reste là. Il devient l'objet de disputes récurrentes. Sera-t-il un jour trié ? Rangé avec les autres ? Jeté ? On s'agace, on s'énerve. Le carton est là, près du radiateur, il gêne quand on passe l'aspirateur, il gêne quand on voudrait ranger autre chose à sa place, il gêne même quand on regarde seulement dans sa direction... Mais on n'ose plus le déplacer à nouveau, la douleur dans le bas du dos est un souvenir trop douloureux. Alors on bouillonne, souvent on extériorise. L'idylle du début devient petit à petit un enfer quotidien. L'enfer du carton plein, l'enfer du carton qui traîne et qui ne sera jamais vidé... On craque, on pleure, on crise. On se promet. On se promet un tri, un changement. On se promet promet des efforts. On se promet ce que l'un comme l'autre on voudrait entendre.... La vie reprend son cours normal.
Et le carton est toujours là, bien ancré sur le plancher, inébranlable. On le regarde et on sourit. L'appartement en lui-même semble emplit de soleil. Pourtant dehors, il pleut. Les petits détails qui nous rendaient dingue deviennent des raisons de se réjouir. C'est comme si tout était harmonie, calme, sérénité. On s'y sent bien dans cet appartement. On s'y sent chez-soi...
Et si ? Et si un jour il nous prenait l'envie de trier ce carton ? Et si un jour, on entrait dans l'appartement, sans retrouver ce tas de cours devant le radiateur ? Et si un jour, le carton était déplacé ? Rangé ? Caché ?
Peut-être qu'il y aurait comme un soulagement... Mais ce serait alors un grand bouleversement !
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