Tu vois, il y avait ces moments là…
Je t’entendais gazouiller, je me levais, parfois c’était un peu trop tôt, j’avais les yeux qui se fermaient. Je me dirigeais vers ta chambre, j’ouvrais doucement les volets. Et je me réjouissais. De retrouver ton visage, tes petits yeux rieurs, et ton sourire ravageur. La journée commençait.
Tu vois, il y avait ces moments là…
Premier biberon, que tu engloutissais. Puis venait le moment de jouer, sur ton tapis d’éveil. La plupart du temps, c’était toujours vers ce petit livre rouge en tissu que tes yeux se dirigeaient. Tu aimais le tripoter, le mâchouiller et puis aussi le regarder.
Tu vois, il y avait ces moments là…
C’était l’heure du bain. Je t’installais sur la table à langer, j’allumais la lumière, non sans oublier le célèbre « un, deux…et trois ! ». Tu riais. Le pyjama vite retiré, je te plongeais dans l’eau, parfois tu grimaçais. Et puis tu clapotais, tu m’éclaboussais, tu gigotais. Je lavais tes cheveux, ton petit ventre, tes petites mains, avec tant de douceur que tu finissais toujours par t’apaiser. Je t’enroulais alors dans la serviette, toi tu levais tes jambes, tu suçais un peu tes doigts, puis finalement je t’habillais.
Tu vois, il y avait ces moments là…
Où tu t’endormais dans mes bras. En confiance. Tu te laissais aller, ta tête devenait lourde, et plus rien ne pouvait t’atteindre. Ces moments là où nous partions faire de longues promenades, où nous nous arrêtions à la fontaine, et où tu observais les autres enfants, fasciné. Ces instants où tu te souriais en te voyant dans le miroir, tes éclats de rire et les premières carottes. Le retour du travail de papa, tes petits gémissements pour t’endormir et les habits devenus trop petits, rangés au fur et à mesure dans les cartons.
Tu vois, il y avait ces moments là… Mais je vais reprendre le chemin de l’école, non sans appréhension…
Tu vois, il y avait ces moments là… Je te promets Antoine, qu’ils ne disparaîtront pas…