lundi 16 juin 2014

Courant d'air...

J’ai retrouvé ce matin, en passant l’aspirateur, un jouet qui t’appartenait.

Tu te rappelles, ces petits personnages, qu’on ne trouve plus aujourd’hui, car ils peuvent trop facilement être ingérés par les touts petits ? Oui, celui là même, rose pastel, avec les petites paillettes.

C’était bizarre. J’ai entendu le cliquetis dans l’aspirateur. J’ai ouvert le sac pour regarder. Il était là, entre les cheveux de ton père, la poussière accumulée, et les grains de riz que j’avais aspirés dans la cuisine.

J’étais assise au milieu de la chambre, je l’ai pris entre les doigts, et je l’ai observé. Puis je me suis souvenue.

L’arrivée dans la maison, la naissance de ta petite sœur, et trois enfants qui ne demandent qu’à être heureux.

La valse des chambres, ton frère et toi ensembles, ta sœur et toi, ton frère et ta sœur, et finalement chacun sa chambre, un bureau dans la cave et une suite parentale sous les toits.

Vos chutes dans les escaliers, le couffin au milieu du salon, la petite cabane en toile, et le portique dans le jardin.

 Les premiers pas de ta sœur, les pêches dont on faisait des bocaux, les petits gâteaux de Noël, le jour où on a changé de canapé.

 La musique que ton frère mettait trop fort, tes jeux interminables avec ta sœur, le papier dans la serrure, les graffitis sous la moquette.

La petite cuisine qu’on mettait sur la terrasse, la petite piscine, quelques fessées bien méritées, l’achat d’une plus grande voiture.

 L’heure du coucher, encore une dernière histoire, un dernier bisou, un verre d’eau sur la table de chevet, tes premières gammes au piano.

Vos études, le bac, le brevet, les diplômes, les premiers petits boulots, les premières vacances sans nous, les permis de conduire.

Et puis un jour le calme. Une maison silencieuse, qui se rempli certains week-end, une sérénité apaisante. Vous avez tracé votre route.

Une mini tornade. Un peu comme un gros courant d’air. Les années sont passées, agitées, bruyantes, et pleines de vie. Aujourd’hui la maison se rempli à nouveau de cris. Mais ce ne sont plus les vôtres. Les hochets sont de retour. Mais ce ne sont plus les vôtres. La petite chaise a retrouvé sa place, un petit lit trône dans le bureau. Mais ce ne sont plus les vôtres.

Sauf peut-être, ce joli petit personnage rose,  là, retrouvé dans le sac d’aspirateur. Joli comme ce courant d’air que vous avez produit en partant chacun de votre côté vivre votre vie...