dimanche 22 septembre 2013

Plus de doute...

Des envies nouvelles, un gros pull bien chaud…
Un chocolat en terrasse, rentrer précipitamment parce qu’il pleut…
Un bain tiède, le soir, et se détendre dans la mousse…
On file plus rapidement au lit, on ne regarde pas le film jusqu’au bout…
Le chat se pelotonne contre nous, et ronronne à la moindre caresse…
Les cartons s’entassent dans l’appartement, comme les feuilles mortes sur mon pare-brise…
On ne se reconnaît plus, on a envie d’hiberner…
Les écureuils grimpent sous nos fenêtres, les araignées viennent faire un tour à l’intérieur…
On allume le chauffage, et puis on l’éteint…
Le soleil semble un peu moins fort, pourtant il brille dans l’appartement…

Maintenant, c’est sûr…

Au début on n’y croyait pas trop, on n’en avait même pas vraiment envie…
On pensait qu’on rêvait, que ce n’était pas vrai, et qui finalement rien n’allait changer…
Et puis des évidences, la rentrée des classes, les cartables neufs, les crayons bien taillés…
Les bottes que l’on ressort, et le besoin de s’emmitoufler…
On se met à y penser, à imaginer, à fantasmer…
On est heureux finalement qu'il soit présent, on prierait presque pour qu’il reste plus longtemps…
On aimerait manger des plats consistants, des raclettes, des fondues…
On a le sourire aux lèvres, tous les jours, on ne se pose même pas la question…
Le bonheur est là, sous la petite couverture grise du canapé…
Bientôt, les premiers flocons viendront lécher les vitres du nouvel appartement, les enfants s’exclameront en regardant par les fenêtres, il faudra rentrer du travail de nuit et ressortir les écharpes.
En attendant, les feuilles crissent sous nos pas, et les arbres se parent de milles et unes couleurs… 

Oui, pas de doute, l’automne est là…

samedi 14 septembre 2013

Aime moi (11)

                                                                                       3

-    Il a voulu mourir ! J’en suis sûre et c’est à cause de cette garce de Lucie !
La mère d’Antoine ne décolérait pas. Son fils était dans le coma depuis plus de soixante-douze heures, elle n’avait dormi que trois heures en tout sur les trois derniers jours, et aujourd’hui, son mari subissait son manque de sommeil et sa rage contre celle qui avait bouleversé à tout jamais la vie de son plus jeune fils.
-    Jeanne, il a mordu une ligne blanche continue, c’est tout. C’est un hasard, un concours de circonstances, et en aucun cas il n’a voulu mettre fin à ses jours. Tu devrais aller te reposer. Veux-tu que je te fasse couler un bain ?
Pour toute réponse, la mère d’Antoine leva les yeux au ciel et indiqua du doigt le téléphone. Puis son regard se remplit de larmes et elle tomba dans les bras de son mari.
-    Je peux tout aussi bien décrocher le téléphone. Tu sais, l’hôpital ne risque pas d’appeler tout de suite, ils nous ont dit de rentrer nous reposer, et nous savons très bien que cela peut durer. Courage mon amour, il s’en sortira j’en suis sûr. C’est un battant ! Viens donc t’allonger un peu…
Il emmena sa femme jusqu’au lit, et, tandis qu’elle sanglotait encore, il l’enveloppa dans une  couverture grise toute douce. Puis, il la berça, doucement, tel un enfant en bas-âge, jusqu’à ce qu’elle ferme les yeux et s’endorme. Lorsque sa respiration devint plus régulière, il quitta la chambre et descendit au sous sol, dans celle d’Antoine.
Sa guitare n’était pas dans son étui, l’ordinateur était encore allumé et les draps froissés. Sa femme n’avait pas eu le courage d’y mettre les pieds depuis l’accident. Il inspira profondément et ouvrit la petite lucarne qui servait de fenêtre.
Etait-ce le bruit du papier qui s’envole qui avait attiré son regard ? Ou avait-il remarqué immédiatement la feuille sur les draps bleus du lit ? Il s’avança doucement et ramassa la lettre qu’avait déposée Lucie, trois jours auparavant.
Antoine,
J’ai commis des erreurs irréparables. Je ne suis pas sûre de savoir recoudre les plaies que j’ai pu ouvrir chez toi. Je ne suis pas sûre de pouvoir reconstruire tout ce que j’ai détruit. Mais j’ai envie d’essayer. Pour toi. Pour nous. Ou alors, très égoïstement, pour moi. Je pars. Sur nos traces. A la recherche de nos secrets, de nos non-dits. Je pars, et si tu le souhaites, suis-moi. Je te laisserai des indices. Et je l’espère un jour, on se retrouvera.
A très vite. Je t’aime, pour toujours.
Lucie.

D’un revers de la main, le père d’Antoine essuya les larmes qui coulaient le long de ses joues. Puis, il froissa la feuille et jeta la boule de papier dans la corbeille du jeune garçon, juste en dessous du bureau.

-    Je te déteste ! Tu n’avais pas le droit de l’abandonner !
-    Mathéo ça suffit, calme-toi ! Réveille-toi !
Olivier secoua vivement son ami. Mathéo se débattait comme un forcené sur son lit, les yeux révulsés. La lampe du chevet en avait déjà fait les frais. Mais Olivier savait qu’il dormait. Il avait eu affaire à ses crises à de nombreuses reprises, et cela ne le surprenait plus. L’objectif premier était de réveiller son ami, avant qu’il ne se fasse mal. L’espace d’un instant, Olivier se prit à remercier le destin d’avoir eu l’intelligence d’emprunter une clé de son appartement à son ami, sans jamais lui rendre jusqu’à aujourd’hui. Il attrapa fermement les deux mains de son ami, les plaqua sur le haut du lit et lui pinça le nez. A court d’air, Mathéo cessa d’hurler et sembla retrouver ses esprits. Il regarda longuement son ami, gardant le silence, qui se faisait soudain pesant dans la pièce.
-    Ca va ? s’inquiéta immédiatement Olivier.
-    Ca va… Que fais-tu là ? souffla Mathéo, encore un peu secoué.
-    Je n’ai pas cru une seule seconde à ton histoire de dentiste…
-    Tu me connais bien alors… Comment es-tu entré ?
-    Comme toutes les autres fois, avec la clé que je te promets de te rendre chaque fois…
-    Tu sais que tu es vraiment le meilleur ami que j’ai pu rencontrer jusqu’à aujourd’hui ?
Le silence s’installa entre les deux jeunes hommes. Olivier lâcha progressivement les mains de Mathéo, comme s’il craignait que celui-ci recommence à cauchemarder. Il s’allongea à ses côtés, ils se regardèrent longuement dans les yeux.
-    C’était quoi cette fois ? chuchota Olivier.
-    Sophie a appelé hier. J’ai encore pété un portable…
-    Tu vas vraiment la détester toute ta vie ?
-    Tant qu’Elsa ne sera pas à mes côté oui…
-    Pourquoi ?
-    Elle n’avait pas le droit de nous faire ça…
-    Elle avait parfaitement le droit de faire ça, et tu le sais…
Mathéo ne prit pas la peine de répondre. Il savait qu’Olivier avait raison. Il savait que Sophie ne pouvait pas s’occuper de deux enfants, il savait aussi que si elle en avait eu les moyens, elle l’aurait fait… Le monde de Mathéo s’était écroulé à la mort de ses parents, et la séparation avec sa petite sœur avait fini d’ébranler toutes ses convictions de jeune garçon.


[A suivre...]